Résilience

Comment développer un mental optimiste pour mieux performer dans le sport

On entend souvent cette fameuse question : “Le verre est-il à moitié plein ou à moitié vide ?”.

Franchement ? Moi aussi j’en peu plus de cette image 😅

Mais elle dit quand même quelque chose d’intéressant : ce qui compte, ce n’est pas ce qu’on regarde… c’est comment on le regarde.

C’est une question de perception: Est-ce que je focalise mon attention sur ce qui me manque ? Ou sur ce que j’ai déjà, et qui peut m’aider à avancer ?

Maintenant, on peut oublier le verre d’eau (ouf 😄). Remplacez-le par un match difficile, une blessure, une sélection ratée, ou un projet qui dérape.

Quand quelque chose nous arrive, sur quoi portons-nous notre attention ?

Sur ce qui nous freine, ou sur ce qui peut encore nous servir ?

C’est précisément ce que vous allez découvrir dans cet article :

  • Ce qu’est vraiment l’optimisme (spoiler : ce n’est pas juste “penser positif” )
  • Pourquoi être optimiste peut changer votre vie, et votre sport
  • Et surtout : comment l’apprendre et le cultiver comme une compétence mentale

Parce que oui, c’est ça la bonne nouvelle : l’optimisme, ça s’apprend. On a tous une base psychologique, mais on peut l’apprendre et l’entraîner. Et ça, ça change tout! 

On résume souvent le verre à moitié plein à de l'optimisme

Pourquoi c’est si important d’être (plutôt) optimiste? 

Être optimiste, ce n’est pas juste penser positif.

C’est une façon d’interpréter ce qui nous arrive. Cette manière de voir les choses va bien au-delà d’un simple état d’esprit. Elle influence directement votre mental, votre énergie, votre motivation… et vos résultats.

Un optimiste a tendance à croire que, malgré les obstacles, quelque chose de bon peut encore arriver. Un pessimiste, lui, s’attend souvent au pire, ou pense que le pire finira toujours par arriver (ce qui devient une prophétie autoréalisatrice).

Et ce n’est pas qu’un ressenti, ou une pensée gnian-gnian. Les études le prouvent. 

Être Optimiste a des effets mesurables et profonds sur notre santé mentale, physique, nos relations, nos performances, et notre bien-être général. Et dans le sport, ces effets peuvent faire toute la différence.

Voici les bénéfices d’être optimiste plus en détails :

Santé Mentale: plus stable et plus résiliente

Les personnes optimistes sont:

  • moins sujettes à la déprime1
  • plus résistants émotionnellement après un échec2
  • plus capable de retrouver rapidement un bon état mental

Pourquoi ? Parce que l’optimisme agit comme un filtre protecteur. Il évite que les pensées négatives deviennent trop envahissantes ou prennent toute la place. Et ça aide énormément quand on traverse une blessure, une mauvaise passe ou une défaite difficile.

Performance: Rebondir et mieux performer 

Les études ont prouvé ceci: dans le sport3 comme dans d’autres domaines4, les optimistes obtiennent de meilleurs résultats, notamment après une erreur ou une contre-performance.

Leur secret ? Ils n’interprètent pas un échec comme une preuve d’incapacité. Ils le voient comme un événement ponctuel, non-définitif et améliorable (on y reviendra plus tard). Du coup, ils rebondissent plus vite, gardent leur engagement, et progressent là où d’autres baissent les bras.

Santé physique : Un corps plus résistant

Les personnes optimistes présentent 

  • une meilleure immunité5
  • moins de maladies cardiovasculaires liées au stress6
  • une plus grande capacité de récupération.

Pourquoi ? Parce qu’elles vivent moins dans la tension constante. Leur mental apaisé permet au corps de mieux fonctionner. Elles adoptent aussi plus naturellement des comportements bénéfiques pour leur santé parce qu’elles croient que ça vaut le coup de prendre soin de soi).

Relations: plus saines et plus durables

Un état d’esprit optimiste rend 

  • la communication plus ouverte
  • la patience plus accessible
  • les conflits plus faciles à gérer. Dans une équipe, c’est un énorme avantage.

Les optimistes sont souvent mieux entourés, plus appréciés, et développent des relations plus solides, sur et en dehors du terrain. 

Bien-être Global: Plus d’élan au quotidien

Les optimistes rapportent7

  • un niveau de satisfaction de vie plus élevé
  • une plus grande motivation dans leurs projets
  • un sentiment d’accomplissement personnel plus fort.

Ils ont plus d’espoir, plus de gratitude, et savent extraire du sens, même dans les épreuves. Et ça les rend plus solides… et plus vivants.

être optimiste apporte de nombreux bénéfices dans la vie et dans le sport

Et concrètement, en quoi l’optimisme aide dans le sport ?

Dans le sport aussi, ces bénéfices sont concrets. Avoir un état d’esprit optimiste permet de:

Rebondir plus vite après un échec

Un sportif optimiste voit ses erreurs ou ses défaites comme :

  • Temporaires, pas définitives
  • Liées à une situation, pas à son identité
  • Améliorables par l’action, pas figées

Ça peut paraître « banale » mais c’est fondamental! Ça évite la rumination inutile, et ça permet donc de se remettre en action rapidement.

Mieux gérer le stress

L’optimisme aide à :

  • Réduire les pensées paralysantes (“Je vais encore me rater…”)
  • Limiter l’anxiété de performance et la peur de l’échec
  • Sortir plus vite de la culpabilité après une mauvaise perf

Renforcer la motivation

Quand on croit que l’amélioration est possible, on s’investit plus.

Les sportifs optimistes :

  • Maintiennent (toujours) l’espoir d’un bon résultat
  • Se sentent acteurs de leur progression
  • Continuent à s’entraîner même quand les résultats se font attendre

Développer sa résilience mentale

L’optimisme appris est un levier puissant de la résilience psychologique8.

Il permet de:

  • Voir les difficultés comme surmontables, pas démesurées
  • Préserver son énergie mentale (en situation de crise)
  • Garder espoir, même dans les moments de doute

De l’impuissance à l’optimisme 

Dans les années 60-70, le psychologue Martin Seligman a observé un phénomène troublant : face à des situations qu’ils ne pouvaient pas contrôler (comme des chocs électriques), certains chiens finissaient par ne même plus essayer de s’en sortir. Même lorsqu’une issue était possible, ils restaient passifs.

il a appelé ça la résignation acquise, ou l’impuissance apprise.

Après avoir découvert ça, il s’est posé une autre question : Pourquoi certaines personnes ne se résignent jamais ?

Pourquoi certaines personnes trouvent toujours un moyen de rebondir alors que d’autres abandonnent ?

Sa réponse : tout dépend de notre manière d’interpréter ce qui nous arrive. 

C’est ce que Seligman appelle : nos styles explicatifs.

3 façons d’interpréter un échec… et de devenir plus optimiste

Notre style explicatif, c’est notre manière d’expliquer ce qui nous arrive, surtout quand ça ne se passe pas comme prévu. Parce que c’est facile d’être optimiste et positif quand tout va bien 😅

Mais quand tout part de travers… c’est là que ça se joue 💪🏼

Seligman identifie 3 dimensions clés : 

Permanence, Omniprésence et Personnalisation.

Permanence: « ça va passer… » 

Les optimistes considèrent que leurs problèmes sont temporaires. 

Ils savent que ça ne va pas durer. 

Un coup dur, oui, mais pas une fatalité. 

Vous avez sûrement déjà entendu quelqu’un parler d’un échec comme si c’était la fin du monde, et agir et prendre des décisions comme si c’était la fin du monde … alors que quelques mois plus tard, il n’y pense même plus.

Le fait de voir les problèmes comme temporaires permet de rebondir plus facilement. Ça augmente la résilience. Parce qu’au fond, si on pense que le problème ou l’échec est permanent, à quoi ça sert de faire un effort ? Pourquoi continuer?

Exemple: Un joueur de tennis perd sèchement au premier tour d’un tournoi important.

  • Optimiste : “Ok, aujourd’hui ça ne l’a pas fait. J’étais pas dans le rythme, mais je vais analyser ça et revenir plus fort au prochain tournoi. Ça arrive.”
  • Non-optimiste : “C’est toujours pareil… j’y arrive jamais dans les gros matchs. Je suis nul dans les moments importants. J’ai plus le niveau.”

L’optimiste considère l’échec comme ponctuel, le non-optimiste le voit comme permanent et généralisé.

Omniprésence: “Ce n’est qu’un domaine de ma vie”

Les optimistes ne généralisent pas. 

Un échec dans un domaine ne remet pas en cause leur valeur dans les autres.

Si un optimiste a un problème dans un domaine de sa vie, cela ne va pas impacter sa confiance dans d’autres domaines. Un match raté ne remet pas en question ses qualités humaines ou professionnelles. 

Le pessimiste, lui, a tendance à tout mélanger. Un accroc dans un domaine et c’est toute sa confiance en soi qui prend un coup! ça impacte son identité.  

Et ce qui est fascinant, c’est que le mécanisme fonctionne aussi à l’envers…

Un pessimiste peut réussir un truc génial (comme marquer le but de la victoire) mais ranger ce moment dans une petite boîte : “Bon, c’est que dans le sport, ça”.

Alors que l’optimiste, lui, capitalise sur ses réussites. Il s’appuie sur ses réussites pour nourrir sa confiance dans d’autres domaines.

Exemple: : Une joueuse de handball rate son tir à la dernière seconde d’un match décisif.

  • Optimiste : “J’ai raté ce tir, c’est dur… mais ça ne remet pas en cause tout le match que j’ai fait, ni tout le travail de ces dernières semaines.”
  • Non-optimiste : “J’ai tout gâché. Je ne suis pas une bonne coéquipière. J’ai rien à faire dans cette équipe.”

L’optimiste isole l’évènement. Le non-optimiste laisse l’échec contaminer toute son identité ou son estime de soi.

Personnalisation: “Qu’est-ce qui dépendait vraiment de moi ?”

L’optimiste prend sa part de responsabilité, sans s’écrouler.

Il distingue les éléments qu’il maîtrise et contrôle… et ceux qu’il ne maîtrise pas.

De manière générale, le pessimiste aura tendance à prendre les événements plus personnellement qu’un optimiste.

Le pessimiste a tendance à se blâmer, même quand ce n’est pas rationnel.

L’optimiste, lui, regarde les faits. Il peut reconnaître une erreur, mais il ne s’effondre pas sous la culpabilité. Il distingue ce qui dépendait de lui et ce qui ne dépendait pas de lui.

Et c’est pareil dans l’autre sens. Quand quelque chose de bien arrive, le pessimiste l’explique par des causes extérieures : « L’autre n’était pas à son niveau aujourd’hui », « La météo m’a aidé », « on a eu de la chance », etc 

L’optimiste, lui, sait reconnaître ce qui l’a aidé, mais il n’oublie pas non plus ce qu’il a bien fait. Même si les conditions étaient favorables, c’est lui qui a joué.

Exemple: Un coureur de 1500 mètres termine dernier de sa série.

  • Optimiste : « Conditions difficiles, stratégie mal gérée. Je sais sur quoi bosser. »
  • Non-optimiste : « Je suis vraiment nul. J’ai rien dans les jambes. Même avec une météo parfaite j’aurais été à la rue. » 

L’optimiste évalue les faits avec recul, reconnaît ses erreurs mais ne s’auto-flagelle pas. Le non-optimiste s’attribue toute la faute sans nuance.

Une touche personnelle

Personnellement, je pense avoir un style plutôt optimiste sur la permanence et l’omniprésence.

Mais sur la personnalisation… j’ai encore du travail😅. Je m’en suis rendu compte en lisant sur le sujet… J’ai tendance à chercher ce que j’aurais dû faire mieux, sans forcément voir ce que j’ai bien fait (Je mesure mes progrès par rapport à un idéal plutôt que par rapport à mon point de départ) . 

La bonne nouvelle c’est que ça se travaille 🙂 Maintenant que j’en ai conscience, je peux m’améliorer. 

Le paradoxe de Stockdale: Voir la réalité et garder espoir

Spoiler alert: Être optimiste, ce n’est pas nier la réalité. 

On a vu que développer un style optimiste peut changer profondément notre manière d’aborder la vie… et la compétition.

Être positif ne signifie pas fuir la réalité ou se raconter des histoires et des excuses. Et c’est là que le paradoxe de Stockdale entre en jeu.

James Stockdale était l’un des officiers les plus décorés de l’armée américaine. Fait prisonnier pendant la guerre du Vietnam, il a survécu à près de 8 ans de captivité, rythmés par la torture et l’isolement.

Lorsqu’on lui a demandé quels prisonniers de guerre avaient tenu le moins longtemps, il a répondu :

« Oh, facile! Les optimistes. Ceux qui disaient : « On sera sortis pour Noël. » Puis pour Pâques. Puis pour l’été… ils mourraient le coeur brisé » 

Stockdale, lui, avait une autre approche. Il expliquait :

« Il ne faut jamais perdre la foi que vous finirez par triompher, mais en même temps, il faut faire face sans détour aux faits les plus brutaux de votre réalité présente.« 

C’est ça le vrai optimisme! 

Dans le style explicatif de la personnalisation, on apprend à ne pas tout prendre pour soi. Mais cela ne veut pas dire être dans le déni ou à côté de la plaque.

Il ne s’agit pas de se dire « tout va bien » quand rien ne va. Il s’agit de se dire : « C’est dur… mais ce n’est pas la fin. »

L’idée, ce n’est pas d’être naïf, ni arrogant face à la situation.

Ce qu’on veut, c’est: Être un.e optimiste lucide.

En gros, ne pas se raconter d’histoires. Mais ne jamais perdre l’espoir.

Pour les fans de tennis, c’est ce qui s’est passé quand Alcaraz a sauvé 3 balles de match en finale de Roland Garros 2025! 

Alcaraz a gagné après avoir sauvé 3 balles de match, il a suivi le paradoxe de Stockdale

Exemple concret dans le sport

Imaginez: vous êtes en quart de finale d’un tournoi de tennis, vous venez de perdre le premier set 6–1, vous êtes breaké dans le deuxième… bref, vous sentez que vous êtes en train de passer à côté de la ½ finale.

  • Le pessimiste se dit :

“Je suis nul aujourd’hui. C’est mort, je n’ai aucune chance. je vais encore perdre en quart” 

  • Le faux optimiste se dit :

“Ça va aller, à partir de maintenant je réussis tout! et je vais complètement renverser le cours de la partie ! Easy. ”

(et s’effondre à la prochaine faute directe)

  • L’optimiste lucide se dit :

« Ok, je suis en difficulté. Mais rien n’est fini. je vais m’accrocher et tout donner, point par point. Rien n’est joué. Je me concentre sur ce que je peux encore contrôler.”

Il ne se raconte pas d’histoires : le score est réel, la pression aussi.

Mais il garde la foi qu’il peut encore faire quelque chose. Il peut s’accrocher, faire de son mieux sur chaque point, retrouver ses sensations, ou au minimum lutter jusqu’au bout.

Et c’est souvent cette posture mentale qui permet de revenir, ou, dans le pire des cas, de ne pas avoir de regrets en sortant du match.

Citations de la fin: 

« L’optimisme est la conviction que les difficultés sont temporaires, spécifiques, et extérieures à soi. » – Martin Seligman

« La vie inflige à l’optimiste les mêmes revers et tragédies qu’au pessimiste, mais l’optimiste les surmonte mieux. » – Martin Seligman

Sources principales:

Optimism, Charles S. Carver, Clinical Psychology Review, Volume 30, Issue 7, 2010, Pages 879-889

Learned Optimism, Martin Seligman, 1990

Areté, Brian Johnson, 2023

Références: 

  1. Peterson, C., & Seligman, M. E. P. (1984). Causal explanations as a risk factor for depression: Theory and evidence. Psychological Review, 91(3), 347–374. ↩︎
  2. Seligman, M. E. P. (1990). Learned Optimism – Chapitre 6. ↩︎
  3. Seligman, M. E. P., et al. (1990). Explanatory style and athletic performance. American Psychologist, 45(8), 1103–1114. ↩︎
  4. Seligman, M. E. P., & Schulman, P. (1986). Explanatory style as a predictor of productivity and quitting among life insurance sales agents. Journal of Personality and Social Psychology, 50(4), 832–838. ↩︎
  5. Peterson, C., & Bossio, L. M. (1991). Health and optimism. Free Press. ↩︎
  6. Tindle, H. A., et al. (2009). Optimism, cynical hostility, and incident coronary heart disease and mortality in the Women’s Health Initiative. Circulation, 120(8), 656–662. ↩︎
  7. https://www.psychologytoday.com/us/blog/beyond-school-walls/202409/wired-for-positivity-how-optimism-shapes-our-well-being ↩︎
  8. Vipin Sehrawat, Bindu Kumari, & Kuldeep Nara. (2024). Role of Optimism and Resilience in Determining Sports Performance. Sports Science & Health Advances, 2(1), 240-246. https://doi.org/10.60081/SSHA.2.1.2024.240-246 ↩︎

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